Cette mer est si bleue qu’il n’y a que le sang qui soit plus rouge

Le bleu du ciel, le petit pan de mur jaune, l'incarnat, l'outremer et le lapis-lazuli, le carmin et le rubis, le bleu de Prusse et le rouge de Venise, le noir du pétrole, le vert Véronèse, l'or… la couleur navigue entre son origine et l'histoire dont elle se charge ; nous en avons retenu l'intensité, celle des souvenirs ou des devenirs.

Titre inspiré de Paul Claudel, cité par Maurice Merleau-Ponty in Le visible et l'invisible, Éd. Gallimard, 1979, page 174

Monter, descendre, monter, descendre, monter, descendre...

Flaque thermoformée pour contenir et figer. Nappe d’huile sans table dressée.

La lumière suffit à sacraliser.

Le développement sinueux de la forme des branches est lié à leur quête de la lumière.

Ce sont les vestiges de cette écriture qui se lisaient en ramassant celle-ci qui était tombée.

Héritage d’un aïeul, une double page de cahier d’écolier, pliée en quatre, vraisemblablement pour rentrer dans une boîte d’aquarelle.

Soigneusement consignées à la plume, les recettes du peintre sont ici transposées comme autant d’évocations paysagères, débarrassées du motif.

Seule, la couleur précise.

Souvent mobilisé dans l’histoire, le motif du coq vient pointer les prétendues qualités d’une nation, d’un genre sexuel, d’une agressivité exaltée, d’un signal à la pointe du jour.

Le rouge raconte.

La représentation du sang est difficile, c’est le leurre absolu, la croyance en l’image, la triche.

Le rouge pointe.

À la fois frontière et seuil, le fleuve des Enfers disparaissait sous terre.

La lumière vient d’ailleurs.

Remarquer l’agitation. Y prendre part sans le vouloir. Y prendre part.

Quand vient la nuit, reviennent les jours.

Un bleu supérieur ravive l’éclat de ceux qui ont été pleinement vécus.

Associer deux objets chargés d’imaginaires, surannés, un peu collectifs.

Les regarder bavarder, les laisser redevenir des images.

La mise en scène est celle de récits : le temps des moissons, un rendez-vous dimanche… petit à petit dissouts.

Les Vanités, depuis le XVIIème siècle, n’ont eu de cesse d’exalter les goûts et les parfums, brefs, de l’existence.

Par-delà l’image, la peinture, en elle-même, est toujours l’enregistrement de cette délectation ; ce divertissement comme la tentative d’une échappée.

Collecter les images. Observer les chocs.

Décomposer les nuances apparues.

Chercher les contours.

Déposer les couleurs dans une précision impossible.

Une ecchymose est un épanchement sanguin dans les tissus de la peau se traduisant par une tache de couleur variable suivie d’un renflement.

Les moyens utilisés reproduisent ce principe.

Un lent dépôt d’eau colorée va épouser progressivement les déformations du papier ; laisser faire est le meilleur moyen d’éviter les connotations.

La couleur décore.

Dans les confettis il y a la légèreté et la gravité, la solitude et la multitude, la fantaisie avant la dispersion.

Cette ambivalence m’émeut.